Critique du spectacle
Le 1er août 2014, le tocsin sonne. C’est la mobilisation. Sur la scène, 4 femmes viennent accompagner leurs proches à la guerre. Elle sera courte disent-elles.
L’une d’elles veut que les soldats refusent de partir « Crosse en l’air ! » leur crie-t-elle.
Très vite, il n’y a pratiquement plus d’hommes pour faire marcher les usines.
Alors il faut des femmes « avec des têtes d’hommes pour faire marcher les bras de femmes » dans cette usine à obus.
Peu à peu, à mesure des mois et des années qui passent, ces 4 femmes au caractère bien différent vont évoluer.
Parmi elles, l’une n’a jamais travaillé car elle élevait ses deux enfants, l’autre a toujours accepté ce qu’on lui disait de faire, sans se poser de question. Et puis il y a Louise, elle a fait des études pour devenir journaliste. Elle rêve d’égalité entre les hommes et les femmes, au droit de vote pour ces dernières. Contrairement aux autres, elle se pose, et pose, beaucoup de questions.
Pourquoi leur fait-on boire un verre de lait tous les jours ? Quelle est cette matière qui colore leur main en jaune, et que rien n’arrive à faire disparaître. Sont-elles en train d’être empoisonnées ?
Petit à petit elle va faire bouger les esprits des autres femmes qui travaillent dans cette usine.
L’auteur, Michel Bellier, nous fait découvrir, au travers des dialogues de ces excellentes comédiennes, les évènements qui se déroulèrent durant ces 4 années, et l’univers dans lequel elles travaillaient : toujours près du danger, mais sans protection sociale.
On partage avec attention et intérêt leur destin. Le texte n’est jamais larmoyant, même si certains passages sont particulièrement touchants.
Il faut saluer le talent des quatre comédiennes (Valérie Bauchau, Anne Sylvain, Céline Delbecq et Blanche Van-Hyfte) qui jouent juste. Elles nous emportent dans leur histoire. Leurs propos font sourire ou émeut. Bien que le décor soit minimaliste, elles emmènent notre imaginaire dans leur usine ou dans un parc où elles passent enfin une journée à s’évader.
« Les filles aux mains jaunes » est une pièce instructive forte, qui ne laisse pas indifférent. Elle fait partie des pièces à ne pas manquer durant le Festival Off cette année.
Régis Gayraud
1914-1918, l’histoire simple d'ouvrières qui fabriquent des obus à en avoir les mains jaunes. Dans l'usine, Rose Jeanne Julie et Louise découvrent la liberté de corps, de paroles, les conditions inhumaines de travail, la solidarité. Elles vont vivre là ce qui ressemble à un début d’émancipation.
Créatifs :
Texte : Michel Bellier
Mise en scène : Joëlle Cattino
Lumières et scénographie : Jean-Luc Martinez
Costumes : Camille Levavasseur
Producteur : Compagnie Dynamo Théâtr
Distribution
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Valérie Bauchau (Rose), Céline Delbecq (Louise), Anne Sylvain (Jeanne), Blanche Van Hyfte (Julie).
“Les Filles aux Mains jaunes” est produit par la Compagnie Dynamo Théâtre.
Lieu : Théâtre Girasole - 24 bis, rue Guillaume Puy - 84000 Avignon. Accès handicapé Climatisation 148 places (fauteuils / gradins)
Réservations : |