Critique de la pièce :
Dans une mine, un coup de grisou vient d’exploser. Ahmed (Kader Nemer) est seul, il a remplacé un autre mineur qui ne pouvait pas travailler aujourd’hui. Il est nouveau dans le métier. Avant, il était professeur de littérature en Algérie. La mine, il n’y connaît rien. Il songe que s’il est dans cette situation, c’est que Dieu en a voulu ainsi.
Contrairement à ce qu’il croyait au départ, il n’est pas seul dans la mine. Il y a aussi Stéphane (Erwan Orain). Quand il le voit, il se dit que c’est un miracle, pensant tout d’abord que c’est un sauveteur. Mais il n’en est rien : Stéphane, est prisonnier comme lui dans la mine… mais c’est un chef, de ce fait, Ahmed est persuadé qu’il doit savoir comment s’échapper (OU sortir) de là ! Il se sent rassuré, d’autant que Stéphane s’en est toujours sorti lorsque des accidents du même type se sont produits par le passé.
Pour surmonter la peur qui les envahit, ils vont se raconter leur histoire.
Malgré le fait qu’ils soient mineurs de père de fils depuis des générations, le père de Stéphane, d’origine polonaise, lui avait interdit de faire ce métier. Pourtant, l’argent va le pousser à descendre dans la mine pour y travailler.
Tout ce qu’Ahmed connaît de la mine, c’est ce qu’il a lu dans « Germinal ». Stéphane n’a pas besoin d’avoir lu le roman pour connaître la réalité du métier.
Ahmed raconte tel un conteur, ce qu’il aimait dans son pays, qu’il a quitté précipitamment contraint et forcé. Stéphane est emporté par les paroles d’Ahmed, il « sent » les odeurs des épices, « voit » ce que décrit Ahmed. Ce dernier demande à Stéphane de raconter à son tour comment les choses se déroulent chez lui à Noël. Il s’exécute et décrit la tradition d’un Noël polonais. Ahmed « voit » alors la neige, les mets confectionnés pour la soirée….
Les yeux des comédiens brillent pendant que chacun raconte une partie de sa vie qui lui tient à cœur. Grâce au décor particulièrement réussi d’Olivier Hebert, représentant une partie de la mine, on a l’impression d’être avec ces deux être isolés du reste du monde.
Le texte, écrit par Hughes Duquesne et Kader Nemer, est basé sur des faits et histoires réels : ils ont respectivement un grand-père polonais (Stéphane Grzymka) et un oncle algérien (Ahmed Chetibi) qui ont travaillé toute leur vie dans les mines. De ce fait, les dialogues ne peuvent que sonner juste, et leur interprétation parfaite. C’est un bel hommage que rendent les auteurs à tous ces mineurs qui risquaient leur vie, et détruisait leur santé dans le nord de la France et partout ailleurs.
“Gueules Noires” est incontestablement un huis clos réussi, qui immerge le spectateur dans une mine au siècle dernier. Une pièce à ne pas rater !
Régis Gayraud
En 1965, à Avion, après les catastrophes de Courrières et d'Hersin, pour ne citer qu'elles, se produit un coup de grisou dans les mines de Liévin, fosse n° 7 ; il tuera 21 mineurs.
Mais dans cette histoire officielle ce qu'on ne sait pas, c'est qu'un mineur d'origine algérienne, Ahmed, et un porion d'origine polonaise, Stéphane, se sont retrouvés bloqués à plus de 300 mètres de profondeur dans une poche d'air.
Du moins, c'est ce que nous souhaitons raconter.
Vous serez happé par cette histoire forte qui se déroule 6 pieds sous terre dans un décor incroyable.
Vidéo du spectacle (non disponible)
Photo : Audrey Knafo
Créatifs :
Texte : Kader Nemer et Hugues Duquesne
Mise en scène : Ali Bougheraba assisté de Léa Moussy
Musique : Franck Lebon
Lumières : Thomas Rizzotti
Décors : Olivier Hébert
Producteur : Compagnie Rentrez dans l’Art.
Distribution
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Kader Nemer et Erwan Orain.
Kader Nemer et Erwan Orain
Photo : Régis Gayraud
“Gueules Noires” est produit par la Compagnie Rentrez dans l’Art.
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Lieu : Théâtre du Roi René - 4 bis, rue Grivolas 84000 Avignon.
Réservations : |