Dès l’ouverture du musical, le spectateur réalise qu’il est en train d’assister à une production d’un niveau jamais atteint à Paris. Parfois certains spectacles, une fois l’ouverture passée ne tiennent pas leur promesse, « Le Bal des Vampires », lui, va même au-delà de ce qu’on peut attendre.
Les décors sont grandioses et leur changement à vue sont, à eux seuls, de véritables numéros. Les costumes et maquillages sont recherchés, les chorégraphies sont époustouflantes (surtout celle des bottes rouges du premier acte !) On en prend plein la vue, et ce, sans perte de rythme tout au long du spectacle.
La musique, interprétée par dix musiciens, est très bien sonorisée dans le théâtre. Elle accompagne avec une précision d’orfèvre les mouvements des comédiens qui ont dû travailler énormément pour être synchro avec la partition. Les chants de tous les comédiens sont excellents, bien que la partition ne ménage pas les cordes vocales ! Même les seconds rôles ont de véritables morceaux de bravoure à interpréter. Moniek Boersma (Magda) notamment interprète d’une voix claire et précise, sans crier dans les aigues, „Tot zu sein ist Komisch“ traduit bizarrement par « La mort vous change un homme ».
Les personnages du spectacle ont tous des personnalités truculentes. Les auteurs qui les ont créés peuvent être fiers de l’interprétation talentueuse qui en est faite par les comédiens.
Ainsi David Alexis, interprète Abronisus, professeur un peu farfelu, toujours dans ses recherches. On ne peut qu’être admiratif de la diction excellente avec laquelle il chante à une vitesse toujours plus rapide son texte. Toute la salle l’applaudit, avant même la fin de „Wahrheit“ (« Pour la "Sci"-"ence" ») !
L’aubergiste Chagal (Pierre Samuel) et sa femme Rebecca (Solange Milhaud) sont très folkloriques eux aussi, même s’ils ont des rôles secondaires.
Mais la révélation dans la distribution de la production parisienne, c’est indéniablement Daniele Carta Mantiglia, (dans le rôle d’Alfred, l’assistant du professeur).
Ce tout jeune comédien est excessivement expressif. Son visage passe tour à tour de la rêverie, à la peur, en passant par l’interrogation. À chaque moment où il est sur scène (très souvent en fait), on peut lire sur son visage l’expression – toujours juste - de ce qu’il ressent. Il est clair qu’avec sa voie assurée, ce comédien ira loin !
Rafaëlle Cohen (Sarah), Stéphane Métro (Von Krolock) sont aussi excellents vocalement, malheureusement, l’adaptation française, très éloignée du texte originale, leur a fait perdre une grande partie de leur personnalité. Sarah est en principe à la fois attirée et effrayée par le Comte, mais le texte qu’on lui fait jouer ne permet pas de comprendre cela, et donc de l’interpréter. La dualité de ses sentiments a disparu, et c’est bien dommage.
Car s’il y a dans cette production un point quelque peu décevant – surtout quand on connait le texte original – c’est l’adaptation qui en a été faite. Tantôt enfantine : Alfred à Abronsius « faites moi coucou », ou Rebecca à Abronsius : « face de pet », tantôt à la limite du graveleux : Madga à propos de Chagal une fois mort : « raide comme un gourdin », ou plus tard Abronsius à Alfred, en parlant de Sarah : « on la prend en sandwich ».
Ceci dit, la production est tellement brillante, pour ne pas dire éblouissante, qu’il est peu probable que les spectateurs s’attachent à ces petits défauts.
On assiste à un véritable feu d’artifice, quand on va voir « Le Bal des Vampires » à Mogador.
Régis Gayraud
Rafaëlle Cohen et Stéphane Métro © Régis Gayraud / Musicals in Europe
Créatifs
Direction : Roman Polanski
Metteur en scène associé : Cornelius Baltus
Musique : Jim Steinman
Livret et paroles : Michael Kunze
Chorégraphie
: Dennis Callahan
Orchestration et direction musicale : Michael Reed
Décors : William Dudley
Costumes : Sue Blane
Créateur lumière : Hugh Vanstone
Concepteur son : Thomas Strebel
Adaptation française des chansons et du livret musical : Nicolas Nebot
Adaptateur des textes parlés français : Ludovic-Alexandre Vidal
La troupe interprétant “Ewigkeit” - © Régis Gayraud / Musicals in Europe
Distribution :
Comte von Krolock : Stéphane Métro
Sarah : Rafaëlle Cohen
Alfred : Daniele Carta Matiglia
Le Professeur Abronsius : David Alexis
Chagal : Pierre Samuel
Magda : Moniek Boersma
Rebecca : Solange Milhaud
Herbert von Krolock : Sinan Bertrand
Koukol : Guillaume Geoffroy
Danseuse soliste : Marcella morell
Doublure danseuse soliste, Assistant dance captain :Emmanuelle Guélin
Dance Captain : Fabrice Cazaux
Ensemble : Bart Aerts (Vampire blanc), Ludivine Bigéni (Doublure Magda), Christophe Borie (doublure Chagal), Pascale Moe Bruderer, Luna Chiquerille, Costantino Imperatore (Vampire noir), Alyzée Lalande (Ensemble, Doublure Sarah), Joana Mendil (Doublure Rebecca), Matteo Reggiori, Sandra Pericou (Doublure danseuse soliste), Romain Rachline (Doublure vampire noir), Olivier Rey (Doublure Chagal et Professeur Abronsius), Sandrine Seubille (Doublure Magda), Manon Taris (Doublure Sarah), Stoyan Zmarzlik (Doublure vampire blanc), Kirill Zolygin (Doublure Comte Von Krolock et Herbert), Mike Zubi (Doublure Alfred)
Swing : Alexandre Bernot (Doublure Koukol), Hélène Buannic, Pierre Antoine Brunet (Doublure Herbert), Florian Cléret (Doublure Alfred), Ana Ka (doublure Rebecca), Elsa Leforestier
“Le Bal des Vampires” est produit à Paris par Stage Entertainment.
“Tanz der Vampire” a été créé et
produit à l'origine par les Vereinigte Bühnen Wien.
Informations pratiques sur le spectacle
Lieux : Théâtre Mogador, 25 rue de Mogador, 75009 Paris A partir du 16 octobre 2014. Jours et heures : du mardi au samedi 20h00. Durée : 2h30 (avec entracte de 20 minutes) Prix des places : 29 à 99€ (105€ le samedi soir).
Réservations : |
Agrandir le plan |