27 décembre 2010 |
Crédit Photo : Laëtitia Laguzet |
Thomas Suire, musicien dans le musical "Chienne" d'Alexandre Bonstein, nous invite à découvrir le thérémin |
Si vous avez vu, le musical "Chienne", votre regard n'a pu qu'être attiré par le jeu d'un des musiciens, Thomas Suire, qui tel un chef d'orchestre, fait jaillir la musique grâce aux mouvements de ses mains.
Pourtant, Thomas n'a aucun orchestre devant lui, seulement un thérémin !
Intrigué par cet instrument assez futuriste, mais inventé au début du siècle dernier, Musicals in Europe a demandé à Thomas une démonstration sur la façon de jouer de cet instrument original, qui produit des sonorités qui le sont tout autant.
Quelques mots pour présenter Thomas tout d'abord.
Thomas est comédien depuis plus de 10 ans (on a pu le voir au cinéma notamment dans "Pas de repos pour les Braves"). Il est aussi musicien. Violoncelliste de formation, Thomas s'est plus orienté aujourd'hui vers les synthétiseurs analogiques qui lui permettent de travailler les sons, il joue aussi du thérémin, du stylophone, du perséphone ("plus rare en et encore plus difficile à jouer que le thérémin") et pour Chienne s'est mis au concertina (petit accordéon). C'est se qu'on appelle un musicien aux multiples facettes.
A côté de cela, Thomas est sculpteur de... monstres ! et c'est grâce à cette passion qu'il a travaillé avec Alexandre Bonstein.
Thomas n'est pas des plus attirés par les musicals, cependant, il avait entendu parler de "Créatures" d'Alexandre, un spectacle que Thomas avait voulu mais n'avait pu voir. Il a contacté Alexandre pour leur passion commune pour les monstres. Quelques mois plus tard, Alexandre qui par la suite avait vu Thomas en tant que musicien et comédien, lui a proposé d'entrer dans l'aventure de Chienne.
Les lignes de chant ont été composées par Patrick Laviosa et Alexandre Bonstein (piano et voix), les arrangements ont été réalisés par Jérôme Lifszyc (l'autre musicien sur scène: claviers et guitare) et Thomas.
Vous pouvez écouter un extrait de ce que Thomas fait avec ses synthés :
Après cette brève présentation de notre musicien, découvrons le thérémin
Cet étrange instrument qui se présente sous la forme d'un boitier muni de deux antennes a été inventé en 1919 par le Russe Sergeïevitch Termen.
Le principe de l'instrument est simple : deux antennes émettent des champs magnétiques qui vont définir l'un la note, le second le volume. Si le principe est simple, pour m'être essayé au thérémin lors de la rencontre avec Thomas, je peux vous dire que l'utilisation de l'instrument n'est pas évident, mais.... on y prend vite goût !!
Il ne semble pas qu'il y ait de professeur enseignant, tout au moins en France, de thérémin. Thomas ne s'est pas pour autant exilé pour apprendre à en jouer !
Clara Rockmore violoniste de haut niveau, grande joueuse de thérémin a inventé une méthode de jeu qui semble la plus précise. Elle a écrit sa méthode de jeu qu'elle a transmise.
Quand Thomas a acheté son thérémin de la marque Moog, il y avait un DVD sur lequel Lydia Kavina (petite nièce de l'inventeur) montre des exercices permettant de connaître l'instrument et apprendre à la maîtriser.
Thomas a reproduit les exercices, et avec énormément de pratique et une bonne oreille, a réussi à "dompter" le thérémin.
L'instrument émet un champs magnétique pour les notes et pour le volume (d'où les deux antennes). Un bouton pour chaque antenne permet d'agrandir ou rétrécir le champ magnétique. Il faut régler le thérémin pour que le corps n'interfère pas.
Thomas et son thérémin dans sur la scène du Vingtième Théâtre |
L'antenne verticale (à gauche sur la photo) permet l'émission des notes : au bord du champ (le plus près du corps) on a la note la plus grave, et plus on se rapproche de l'antenne, plus la note est aigüe. Quelque soit la taille du champs, on a toujours 4 octaves.
L'antenne arrondie (à droite sur la photo), va permettre de modifier le volume. Plus on se rapproche de l'antenne plus le son diminue. On retrouve ici l'analogie avec le chef d'orchestre qui en baissant les mains, va indiquer aux musiciens de jouer plus piano (moins fort).
A l'inverse, plus on lève la main et plus le son est fort. Pour couper le son entre deux notes, il faudra aussi utiliser cette antenne, car temps que la main est dans le champ, le thérémin émet un son.
Les gauchers joueront du thérémin en se plaçant de l'autre côté de l'instrument et en visant l'antenne arrondie dans l'autre sens. C'est simple et pratique ! |
La main est près de l'antenne, le volume est bas |
La main est loin de l'antenne, le volume est élevé. |
La main proche de l'antenne donne un son aigu |
La main éloignée de l'antenne produit un son grave |
Les champs magnétiques, déterminant volume et hauteur de note, doivent être réglés en fonction de la salle et de l'espace où l'on se trouve. La température a aussi un effet sur les dimensions des champs : la chaleur augmente leurs tailles. Aussi, pendant le spectacle, Thomas doit modifier la taille des champs sinon d'autres éléments que ses mains risquent d'interférer dans la variation des notes ou de leur volume.
Pour ajuster les champs en fonction des besoins, le thérémin possède des boutons de réglage : "volume" pour la largeur qu'aura le champ "contrôlant" le volume (plus le volume sera grand, plus il faudra faire des mouvements de grande amplitude pour le modifier), et "pitch" pour la dimension du champ repérant les notes.
On peut aussi modifier la forme et le timbre avec les boutons "waveform" et "Brightness". |
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Il est possible de rajouter des effets, aux sons émis par le thérémin, en utilisant une pédale d'effets. Des presets ("vibrato" sur la photo à droite) sont programmés et sont changés selon les besoins durant le spectacle.
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Maintenant, vous pouvez vous lancer ! vous savez tout, sauf que, pour avoir une idée plus complète, il vous manque l'aspect sonore du thérémin dont on a eu recours pour les musiques de films de science fiction.
Vous pouvez écouter ici une interprétation de Franz Lehár, par Lydia Kavina
Si vous souhaitez entendre d'autres musiques jouées sur scène avec thérémin, venez voir le musical "Chienne" au Vingtième Théâtre, du mercredi au samedi à 20h, et le dimanche à 15h (avant le 7 février).
Un grand merci à Thomas pour son accueil et ses explications !
© Photos (sauf mention contraire) et texte : Musicals in Europe / Régis Gayraud - GryM