“La Corde”, un thriller policier haletant en 3 actes, adapté de la pièce “Rope” de Patrick Hamilton et rendu mythique par le maître du suspense, Alfred Hitchcock. Dans cette nouvelle version modernisée, les spectateurs seront immergés dans un huis clos machiavélique et comique, entre jeu et manipulation. Qui vaincra entre la morale et le pouvoir ?

Critique de la pièce :

Tirée de la pièce écrite en 1928 par Patrick Hamilton, adaptée à l’écran par Alfred Hitchcock en 1948, « La corde » actuellement à l’affiche du Théâtre Marigny, se déroule dans les années 50.
Louis de Roquemaurel (Audran Cattin) et Gabriel (Thomas Ribière), sont sur le point de quitter la France pour la Suisse, où ils vont exercer de brillantes fonctions, très bien rémunérées.
La veille de leur départ, alors que tous leurs paquets sont pratiquement prêts, ils invitent à dîner cinq personnes ayant croisé leur chemin par le passé, ou plus récemment.
Avant leur arrivée, Louis et Gabriel, exécutent ce qu’ils considèrent comme un crime parfait, en pimentant le tout, avec l’idée exaltante de laisser le cadavre dans la pièce, où seront réunis les convives…. Le défit ultime !
Louis est un personnage narcissique et très sûr de lui. Gabriel est plus timoré, mais à mesure que la soirée va se dérouler, après quelques verres d’alcool alors qu’il ne boit habituellement pas, il deviendra plus sûr de lui, quitte à commettre des impairs.
Les invités vont arriver, un par un. D’abord, Francis Bonneton (Martin Karmann), un voisin des deux hôtes, qui n’est franchement pas de leur niveau social. Il est en quelque sorte le bouffon des deux compères, même si sa profession risque de faire s’effondrer le plan machiavélique élaboré par Louis et Gabriel.
Ensuite, Marie Arden (Lucie Boujenah), qui doit bientôt se marier à Antoine Buisson, ne va avoir de cesse de se demander pourquoi ce dernier n’arrive pas.
Enfin, arrive, Yvonne de Roquemaurel, la mère de Louis, interprétée par Myriam Boyer, comédienne remarquable, notamment dans « Le Chat » et « Misery », qui montre ici la vaste palette de son talent, en interprétant de façon convaincante une femme de la haute société. On se délecte de presque toutes ses répliques, grâce à la façon dont elle les dit.
Un moment étonnamment drôle, alors que le sujet ne l’est pas, arrive un peu plus tard dans la soirée. La mère de Louis décrit, avec force détails, comment les peaux de souris peuvent être conservées, une fois qu’elles ont été enlevées du corps sans vie de l’animal. Plaisanterie ou souvenir du passé ? Le fait est, que Louis n’apprécie pas ce moment.
Un invité inattendu est aussi de la fête. Le professeur Emile Cadell (Grégori Derangère) que Louis a convié sans prévenir Gabriel. Ce dernier est déstabilisé. Louis joue très gros en l’ayant fait venir. Car ce professeur est très intelligent, il pourrait tout compromettre.
Louis d’abord, puis Gabriel, se délectent de jouer avec le feu, mais jusqu’à quand ? Surtout face à leur ancien professeur qui pourrait s’avérer être aussi perspicace qu’Hercule Poirot !

Audran Cattin sait rendre son personnage délicieusement exécrable. Bien qu’égocentrique, imbu de sa personne, odieux, cet antihéros est impossible à détester. Le comédien a une prestance remarquable, il sait danser, il est très charismatique. Il communique aux spectateurs le magnétisme dont il use sur Gabriel.  

L’adaptation française de Lilou Fogli et Julien Lambroschini est remarquable. Mêlant cynisme et pointe d’humour, elle fait parfois des clins d’œil à des événements assez récents.
L’intérieur de l’appartement est somptueux, même s’il ne comporte que quelques meubles et plusieurs cartons. Un voilage sur le devant de la scène, que Louis ou Gabriel ferme, leur procurant ainsi un espace qui les isole, lorsqu’ils parlent en dehors de la pièce principale. La musique de David Parienti rappelle celle des films noirs (des années 50), et colle parfaitement à l’intrigue, tout comme les costumes de Delphine Brouard et les lumières de Laurent Schneegans.

Vous l’aurez compris, tant par son intrigue, son interprétation et ses dialogues, “La corde” est « la pièce » qu’il ne faut surtout pas rater pour cette rentrée théâtrale !  
Régis Gayraud

Résumé :

Louis et Gabriel, jeunes intellectuels arrogants, commettent un meurtre par pur défi, convaincus de leur supériorité. Leur victime ? Un camarade dont le cadavre repose sous les yeux de leurs invités, dissimulé dans un coffre en plein milieu du salon. Mais alors que la soirée bat son plein, entre conversations mondaines et piques acérées, Emile Cadell, leur ancien professeur, commence à douter… Tension insoutenable, jeu de manipulation et répliques mordantes s’entrelacent dans ce huis clos où l’ironie flirte avec le macabre. Car derrière les rires et les verres qui s’entrechoquent, chaque mot pourrait bien trahir l’impensable…

Vidéo du spectacle

Créatifs :

D’après la pièce de théâtre “Rope”* de Patrick Hamilton
Adaptation : Lilou Fogli et Julien Lambroschini
Mise en scène : Guy-Pierre Couleau

Assistante mise en scène : Anne Poirier-Busson
Scénographie / Costumes : Delphine Brouard
Création lumières : Laurent Schneegans
Musique : David Parienti

* représentée en France par l’agence Drama en accord avec l’agence Alan Brodie Representation Ltd, Londres.

Producteur : Théâtre Marigny.

Distribution :

Myriam Boyer (Yvonne de Roquemaurel), Lucie Boujenah (Marie Arden), Audran Cattin (Louis de Roquemaurel), Grégori Derangère (Professeur Emile Cadell), Martin Karmann (Antoine Buisson et Francis Bonneton) et Thomas Ribière (Gabriel Granillo).

Grégori Derangère, Thomas Ribière, Myriam Boyer, Lucie Boujenah, Martin Karmann, Audran Cattin
Photo : Régis Gayraud

“La corde” est produit par le Théâtre Marigny.

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